Perdue et... Maladroite^^.[TERMINE]

Ankou ne se considérait pas comme quelqu'un de renfermé et à qui il était difficile de parler. En tant que souverain, le jeune homme aux longs cheveux blancs se devait d'être toujours impeccable physiquement, une sorte de poupée sans imperfections. Un sourire à la fois chaleureux et aimable plaqué sur ses lèvres, il ne devait ni trop hausser le son, ni rendre sa voix trop douce. Comme son précepteur lui avait fait comprendre plusieurs fois, il devait avoir une voix ferme et stable à la fois, qui ne laissait filtrer les émotions que lorsque cela s'avérait nécessaire. Ankou, pour sa part, avait toujours trouvé cela incroyablement démesuré. Les Nobles apprenaient et avaient toujours appris toutes sortes de choses qu'il avait jugé étant plus jeune complètement ennuyantes et inutiles, et ce dans l'unique but de paraître parfaits, au dessus du commun des mortels. La Noblesse était une, si ce n'était la classe de la société la plus fière et celle qui prêtait le plus d'attention aux apparences. Le jeune homme aux yeux grenats n'allait pas mentir, la plupart des Nobles étaient condescendants envers les autres classes sociales, voir même cruels, cela dépendait de leur mentalité et de l'éducation qu'ils avaient reçus. Parce qu'ils avaient plus d'argent que les villageois et possédaient un titre et des terres, au contraire des Bourgeois, ils s'estimaient supérieurs et demandaient à être traités comme tel par ceux qu'ils jugeaient 'inférieurs'. Cette attitude avait le don de souvent désespérer Ankou, mais il ne se faisait pas d'illusions, il n'arriverait jamais à changer en quelques années ce que des siècles et des siècles de mœurs et de coutumes avaient façonnés. Dieu savait qu'il aurait aimé pouvoir changer cela, pourtant, comme un bon nombre d'autre choses. Le jeune homme avait toujours été rêveur de nature, et avait plus d'une fois aspiré à un monde où la paix régnerait en maître et dans lequel plus aucun enfant n'aurait à souffrir de la perte d'un père, d'une mère, d'un frère ou d'une sœur. Perdre quelqu'un qui était cher à notre cœur était plus horrible que n'importe quoi d'autre selon lui, et c'est pour cette raison qu'il aurait voulu voir les mots 'deuil', 'veuve', 'veuf', ou encore 'orphelin' disparaître de leur langue. Ça aurait été merveilleux, n'est-ce pas, que tout le monde puisse vivre aussi longtemps qu'il le puisse et ne rende l'âme que lorsque la vieillesse viendrait l'emporter, selon le cycle naturel des choses? C'était un idéal de la vie qui ne pourrait jamais être atteint, mais ce n'était pas un crime d'y penser pour autant. La guerre, les meurtres, la maladie, toutes ces choses qui diminuaient l'espérance de vie de son peuple, Ankou rêvait de les voir disparaître, et essayait de les diminuer comme il le pouvait, mais ce n'était évidemment pas suffisant, loin de là. Il ne possédait pas des pouvoirs qui défiaient la raison, et même s'il le désirait ardemment, il ne pouvait pas mettre un terme à tous les malheurs du monde. Il en aurait eu envie, oui. Mais il ne le pouvait pas. Et Ankou avait beau être un idéaliste dans l'âme, il parvenait tout de même à se rendre compte quand quelque chose était réellement impossible à réaliser.

Le Prince aux grands yeux grenats poussa un discret soupir, posant son sombre regard sur le sol qui défilait rapidement sous lui. Trop rapidement. Il fit une petite grimace, profitant du fait que la Neko qui le suivait de près ne pouvait voir son visage. Bon, ce n'était pas comme s'il ne s'y était pas attendu, n'est-ce pas? Ce n'était pas non plus comme s'il avait pensé qu'il n'y remettrait jamais un jour les pieds, ce qui était hautement improbable, d'ailleurs, lorsqu'on y réfléchissait à tête reposée. Monter un cheval quand cela s'avérait réellement nécessaire, il voulait bien. A contrecœur et à grand renfort de grimaces, mais il le faisait, car il c'était la seule et unique solution. Pour autant, tout ce qu'il faisait quand il avait à se servir d'un cheval, c'était le monter et le guider, c'était tout. Ce n'était pas lui qui le préparait, ni lui parlait, ni quoi que ce soit de ce genre. Et en règle générale, il n'entrait jamais dans les écuries, se contentant d'attendre sagement dans la Cour qu'on lui apporte sa si gentille monture. Un cheval seul, il pouvait le supporter, et même si cela l'effrayait, c'était supportable. Mais des dizaine et des dizaine de chevaux à la fois, autour de lui, rassemblés dans le même endroit...Rien que cette pensée réussissait à le faire paniquer, et il du prendre sur lui pour ne pas s'excuser auprès de la Neko et la laisser là sans rien dire de plus. Mais il était responsable, et se devait d'être un modèle, alors il ne le ferait pas, chassant de ses pensées ces stupides envies qui l'assaillaient parfois. Il ne pouvait pas non plus rester aux portes des écuries et attendre là, car il devait rester près de Yuuki, afin de vérifier que rien d'embêtant ne se produise pour elle. Il n'aurait plus manqué qu'elle tombe sur un cavalier ou un soldat un peu trop raciste, et elle aurait tôt fait d'être attaquée et chassée de l'endroit sans qu'il ai rien pu faire ou dire pour empêcher ce malentendu de se produire. Non, décidément, il devait aller avec elle, et entrer dans cet endroit qu'il haïssait tellement. Ah ah...Mais ça n'allait pas être si terrible, non? Il s'agissait juste d'un endroit, un très grand endroit, rempli uniquement de...de chevaux, et qui...

Secouant doucement sa tête blanche, Ankou coupa court à ses pensées, ne voulant pas aller plus loin, ne voulant pas s'effrayer davantage. Il l'était déjà assez comme ça, il était inutile d'en rajouter. Voulant croiser ses bras, le jeune homme s'aperçut que sa manche était déchirée, et se demanda l'espace d'une seconde comment il avait pu faire ça, avant de lever ses yeux au plafond. Ah oui, il s'en souvenait, maintenant! Il avait presque oublié cet incident, tiens. Comme quoi ça ne l'avait que très peu choqué, au final. Il irait se changer après être passé aux écuries, il n'allait pas faire attendre inutilement Yuuki juste pour qu'il puisse se changer. Et puis, après être allé aux écuries, il était à peu près certain qu'il allait devoir changer de vêtements, alors...Ceux-ci conviendraient très bien pour cette petite excursion.

« Umh… Non, je ne me suis jamais occupé de chevaux, c’était… Comment dire… Ça aurait été difficile, les Nekos ne sont pas vraiment porté sur les chevaux, alors… Je pouvais les approcher, c’était déjà pas mal ! »

Pas vraiment portés sur les chevaux? Ah, ça ne l'étonnait pas vraiment. Il était de notoriété publique que les Neko étaient des êtres brutaux et peu doux dans l'ensemble, et qui tuaient simplement pour le plaisir de tuer. Ankou essayait de porter le moins d'attention possible aux rumeurs qui circulaient dans son Royaume, mais il devait avouer qu'il s'était sans aucun doute laissé influencer par celles que l'on racontaient sur les êtres à oreilles de chats qui habitaient dans la partie Ouest du pays. Sans doute parce qu'il savait que beaucoup étaient vraies et fondées. Oh, bien entendu, il ne mettait pas tous les Neko dans le même sac, il y en avait qui étaient différents, et il en avait eu la preuve avec la demoiselle Kowasma, qui était venue demander refuge à son château. Mais la grosse majorité collait, il en aurait mit sa main au feu, avec les clichés qu'on en avait dans les grandes villes et les campagnes avoisinantes. Ankou n'aimait pas les Neko. Mais qui l'en aurait blâmé? Il se rendait bien compte que certains de ces êtres dépassaient les limites géographiques établies et chassaient les humains et Elfes qui habitaient près de la Frontière. Oh, pas beaucoup, ils étaient une grosse minorité. Deux ou trois, peut-être? Mais même ce nombre restreint parvenait à générer de l'inquiétude, des plaintes et des mouvements de masse. Si le jeune homme n'avait pas eu tant à faire au château, il serait aller vérifier ces dires lui-même, et se serait fait un plaisir de décapiter deux ou trois Neko qui avaient osés briser le tabou. Ah, comme c'était énervant...! S'il n'avait pas de preuves tangibles, Annahita refuserait de le croire et ferait la sourde oreille, elle était très forte, à ce petit jeu. Enfin...Il n'allait pas casser du sucre sur le dos de sa sœur, ni se plaindre des problèmes qu'apportaient les Neko. Il devait trouver un travail pour Yuuki, et ce n'était pas dans ses hétéroclites pensées qu'il allait trouver la solution, il le savait.

« Et bien, vous allez avoir l'occasion de vous en occuper, à partir d'aujourd'hui. J'espère simplement que vous aimerez autant vous en occuper que les regarder. »

Il se tourna une dernière fois vers elle avec un sourire, se concentrant ensuite sur le chemin à prendre pour sortir du bâtiment principal et se rendre aux écuries. Il ne devait pas faire d'erreur, il n'avait pas immensément envie de se perdre à nouveau. Hmmm, hmm...A droite.

[Poste terminé. On fera la suite aux écuries.XD~]