Ankou Della'Morte
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Localisation : Dans mes appartements. Je vais... Dormir. Emploi/loisirs : Pas mes cours, en tout cas, je suis trop fatigué pour ça...=___x' Humeur : ... *Pousse un long soupir*
Inscrit depuis le : 13/12/2008 Dirigeant outrageusement beau qui vous éblouit par sa beauté~♥
| Sujet: Les aventures du furet marin {Ou de la plume égarée} Jeu 4 Oct 2012 - 12:10 | |
| Poster ici a toujours été comme un ÉNORME fantasme, alors voilà que j'ai décidé de l'assouvir en vous livrant ceci. Ce sont des petits textes créés pour m'entraîner à écrire des récits courts; C'est pas toujours réussis, mais le principal c'est que j'essaye, et c'est tout ce qui compte au final. Je m'excuse d'avance pour les fautes qui traînent. Ah, j'en rajouterai d'autres au fur et à mesure, aussi. Vous avez le droit d'aimer ou de détester. Je n'interdis rien. ♥
- Le reflet (For Ankou):
Elle se tenait face à lui, reflet de tout ce qu'il ne serait jamais. Reflet d'espérances devenues sa croix tandis que lui soupirait de ne pas être à la hauteur. Combien de fois avait-il supplié qu'on lui confère la force de lever seul l'étendard frappé du sceau de sa naissance ? A genoux sur ce sol froid et trop égal, il avait prié longtemps. Et il savait que de l'autre côté de l'autel, elle en avait fait autant. Elle avait prié pour lui. Forte et belle, elle n'avait pas versé de larmes non pas car elle se trouvait au dessus de toute douleur mais parce qu'elle l'avait promis. Il se souvenait qu'elle lui avait pris la main et avait juré qu'elle se chargerait d'être forte pour lui. Il n'avait qu'à se contenter d'être heureux.
On ne les avait pas autorisés à s'étreindre plus longtemps.
« Tu peux compter sur moi, je ne te laisserai jamais tomber. »
Elle était son exact reflet. Elle avait les mêmes yeux et ses mains n'étaient qu'à peine plus fines que les siennes. Elle bougeait les lèvres comme lui le faisait et ils se ressemblaient à s'y méprendre. Mais il n'y avait pas plus différents qu'eux. Sa voix vibrante éclipsait la sienne, note fade et sans conviction. A chaque pas qu'elle faisait elle conquérait une nation, et lui ne faisait que suivre son sillage, charriant un vent froid et mélancolique. Elle se tenait face à lui et plus que jamais son cœur implosait sous la tristesse et la jalousie. On la faisait souffrir de posséder ce qui, estimaient-ils, lui revenait de droit. On l'attaquait et le laissait pour mort parce qu'il était incapable de se défendre. Et puisque manipuler la nature était impossible pour un homme, le monde continuait de s'amuser de leur sentiments, pervers comme lui seul savait l'être.
« Alors dis moi, ma sœur, que peut-on faire ? Se laisser mourir ? »
A genoux, il priait toujours. Le nez insolemment levé vers le ciel, il demandait qu'on lui laisse porter son blâme. L'épée à la main, il irait combattre, quoi qu'il arrive. Il n'irait pas pour elle. Il n'irait pas pour eux. Il irait parce que c'était ce qu'on attendait de lui. Et au bout de l'épée il y aurait son visage à elle; Et elle, elle se tiendrait là car, portée par sa propre volonté, elle serait venue jusque là pour prouver au monde qu'elle n'était pas l'émissaire d'une cause perdue. Pour l'empêcher d'aller plus loin. Elle lui avait promis de ne jamais le laisser tomber et c'était sa manière à elle de sécher les larmes qui roulaient en permanence sur ses joues, ces larmes qu'elle avait appris à voir même quand la détresse se cachait dans les replis de ses sourires.
A ce moment-là, il en était sûr, toutes ses convictions trouveraient un sens dans la disparition de cet autre, de ce reflet dont le regard se faisait insistant. Qu'importe si le juge à la robe écarlate choisissait ensuite de lui couper la tête; Ça n'avait pas d'importance.
Il était mort quand leurs mains s'étaient lâchées pour la première fois.
- La raison (For Pauline):
Ciel gris, vent froid; Malgré ce temps aux allures de fin du monde, pas une goutte de pluie n'était tombée sur l'assistance qui, en pleurs, souhaitait une dernière fois un déchirant adieu au défunt. Deux petites filles se tenaient serrées l'une contre l'autre, l'ainée bataillant bravement pour ne pas laisser couler ses larmes et la cadette les yeux ronds d'une incompréhension enfantine. Leur mère était si abattue qu'elle ne disait mot et ignorait le monde qui se mettait en mouvement autour d'elle. Seule en tête à tête avec sa peine, personne ne savait alors qu'elle aussi avait entamé un voyage plus long encore que la mort.
« Pourquoi on met papa dans la terre, dis ? »
Le flot des vêtements noirs emportait les deux fillettes comme la rivière emporte avec elle les feuilles mortes à l'automne. L'ainée baissa la tête vers les puits dorés qu'étaient les yeux de sa soeur; Puis se tourna vers sa mère qui se refusait toujours à bouger. Et si c'était bien vrai qu'elle n'avait que onze ans, en cet instant même, elle se sentait aussi lasse qu'une adulte.
« Tu te rappelles quand je t'ai dit que papa était très malade ? »
La petite hocha la tête. Elle s'en souvenait car il y avait deux jours encore, leur père avait toussé tellement fort qu'il lui avait semblé que la maison avait répété sa souffrance à l'infini.
« Et bien il était fatigué, alors il s'est endormi. Pour longtemps. C'est pour ça que... Qu'on l'a mit là pour que les rayons du soleil ne le réveillent pas. »
Cette réponse fit sens pour la plus jeune. Elle non plus n'aimait pas que la lumière viennent lui chatouiller les paupières le matin, alors qu'elle voulait rêver encore un peu. Et bien qu'elle ne voyait pas ce qu'il y avait de triste à laisser leur père prendre un repos bien mérité, elle cueilli une fleur et la tendit à sa soeur. Elle sentait son chagrin. Elle ne voulait pas la voir si triste. L'ainée accepta le cadeau de la cadette avec un pauvre sourire et déposa sur son front un baiser au goût salé. Derrière elles, leur mère continuait de déverser sa détresse sur la pierre grise qui portait le nom de son bien aimé. Elle ne rentra que très tard à la maison, les yeux rouges. La fillette mit la fleur dans un vase. Elle fana tout de même le lendemain, sans avoir réussi à chasser du salon l'odeur de la mort.
Leur mère se laissa mourir. Lentement, jusqu'à n'être plus que l'ombre d'une femme, elle s'était noyée dans sa peine. Elles l'enterrèrent mais, cette fois-ci, elles furent deux à pleurer. La cadette mourut de maladie. Il n'y avait plus que sa grande sœur pour déposer des fleurs sur sa tombe, ce qu'elle fit des années durant. Elle ne se consolait pas de sa solitude. Puis un jour elle sauva la vie d'un jeune homme qui se balançait sur le rebord d'un pont. Quand il daigna la remercier et lui adresser un sourire, après de longues discussions, elle sentit un poids qu'elle avait sur le cœur depuis des années s'envoler.
Ils s'aimèrent. Il l'épousa. Il lui donna un enfant. Puis la vie reprit ses droits.
« Maman ? »
Il fallut à la jeune femme tous les efforts du monde pour sortir de sa transe. Elle baissa les yeux vers son fils qui, accroché à sa jupe, la regardait sans comprendre. Il avait le visage de son père: Mais ses yeux étaient pareils à ceux de sa tante et ceux de sa grand-mère, couleur de l'or. Quelque chose remua en elle, fit battre plus vite son cœur à l'arrêt.
« Pourquoi on met papa dans la terre ? »
L'image du petit garçon se confondit pour un instant avec celle d'une petite fille à peine plus vieille que lui à l'époque. Il semblait à la veuve apercevoir à ses côtés sa mère, tête baissée, sourde aux appels répétés de la vie qui continuait son cours. Elle avait fermé la porte de son cœur avec la disparition de l'homme qu'elle aimait; Elle avait choisit de se laisser mourir plutôt que se relever et affronter la réalité. Elle ne lui en avait jamais voulu, parce qu'elle savait que tout le monde n'était pas aussi fort. Mais ça ne l'avait pas empêché de trouver ça triste, tellement triste.
Il faisait gris, le vent était froid. Aujourd'hui non plus il ne pleuvait pas ailleurs que dans les cœurs. Il aurait été si tentant, si facile de se laisser aller à l'engourdissement. Les fantômes du passés s'évanouirent quand la mère se pencha pour prendre son enfant dans ses bras et le serrer fort contre elle.
« Papa est parti dormir pour un long moment, mon chéri.
-Est-ce qu'on le reverra bientôt ?
-Non. Pas bientôt, mais un jour tu le rejoindras. Mais papa aimerait que ce soit dans longtemps. Tu comprends ? »
Il hocha la tête, le visage caché dans l'épaule de sa mère. Une goutte tomba sur la pierre, suivit d'une autre. La mère accueillit la pluie avec un sourire soulagé. Enfin te voilà, je t'ai attendu longtemps.
Elle porta son enfant jusqu'à chez eux. Des jours passés à regarder sa propre mère s'enfoncer dans les tourments, impuissante, elle s'était promis une chose. Que jamais, oh jamais... Elle ne ferait la même erreur.
(Et Pauline c'est la mère de Kylus. Just so you know.)
- La différence (For Amélia & Julius):
« Et en quoi êtes vous différente ? »
Lui avait-il demandé avec un demi-sourire moqueur. Elle l'avait regardé l'air de ne pas comprendre.
« Ça ne se voit pas ?
-Je ne sais pas trop. Comme vous aimez à me le répéter, je ne suis qu'un abruti. »
Elle avait posé son menton sur la paume de sa main, les yeux plissés. Il était un abruti, c'était vrai. Elle le pensait. Bien qu'elle pensait surtout qu'il aimait faire l'idiot.
« Je mets des pantalons.
-Ça m'arrive souvent aussi.
-Mais je suis une femme.
-Comme la moitié de la population. »
Elle avait poussé un grognement agacé, et lui avait continué de sourire. Elle avait reprit avec un geste qui trahissait son impatience.
« J'aime les femmes.
-Ça ne veut pas dire que vous n'aimez pas les hommes.
-Je suis grossière, brute, et je n'ai aucun savoir vivre.
-Comme on est en droit de s'y attendre venant d'une femme qui aime les femmes et met des pantalons. »
Cette fois-ci, elle avait voulu le gifler. Mais elle ne l'avait pas fait, et elle ne savait même pas pourquoi.
« Je vais arrêter de vous parler puisque vous ne cessez de me contrarier.
-Vous le ferez puis vous recommencerez.
-Et qu'est-ce qui vous fait croire ça ?
-Les trois dernières fois. Vous êtes comme les autres. »
Elle avait attendu une explication qui n'était pas venue. Et lui, il avait eut l'air satisfait de son air courroucé.
« Vous m'aimez bien.
-A d'autres !
-Vous êtes comme les autres.
-Je suis différente ! »
Elle avait presque crié ces mots. Puis elle s'était relevée, un léger tremblement dans les jambes. Elle l'avait fixé, son regard céruléen planté dans le sien qui avait la couleur de la terre.
« Je suis différente et si vous ne l'acceptez pas, ce n'est pas la peine que je vous revois.
-Parce que vous avez envie de me revoir ? »
Elle lui avait craché dessus. Il avait sursauté et ouvert en grand ses yeux.
« Non, je crois que ça y est, vous me dégoûtez pour de bon. »
Sur ces mots, elle avait tourné les talons et s'était enfuie dans la foule anonyme qui se massait dans les rues. Il avait passé sa main sur sa joue pour la nettoyer. Il aurait préféré qu'elle le gifle. Comme le font les autres. Comme le font les femmes.
Il s'était mit à rire.
« Peut-être un peu différente, au fond. »
Sa fierté ne lui permettait pas d'autre commentaire.
« Juste un peu. »
- L'absence (For Tylan):
Une fois encore la porte claque en laissant l'enfant seul dans son lit. Il a seulement peur le temps que ses yeux s'accoutument au noir et lui permettent de distinguer les contours de la pièce: Mais ces infimes secondes s'étirent et le font frissonner. Il voit des ombres sur tous les murs et des monstres sous chaque meuble. Timidement, il ramène la couverture sur son nez, sans oser fermer les yeux de peur que l'obscurité intérieure soit pire encore que celle qui l'entoure. Il aurait aimé pouvoir demander à sa nourrice de lui laisser une lumière mais il savait qu'elle aurait refusé. Il aurait aimé pouvoir demander à son père de rester près de lui jusqu'à ce qu'il s'endorme mais il n'était pas venu lui souhaiter une bonne nuit.
Dehors, la lune joue à cache-cache avec les nuages. Le petit garçon souhaite sombrer rapidement dans l'inconscience. Ainsi la nuit se terminera vite. Et une fois le jour levé, il pourra soupirer sans avoir peur que quelque chose l'entende et l'emmène avec lui, là où on ne retrouve jamais personne, dans ce cauchemar éthéré qui pour les enfants ne paraît que trop réel. Quand un papillon léger se pose enfin sur ses yeux, il se demande si sa mère serait venue le rassurer si elle avait été en vie.
Pour le petit garçon de quatre ans, l'absence se résume à père qui l'aime mais lui tourne trop souvent le dos. A une main tendue qui essaye de l'attraper et des jambes trop petites pour tenir la cadence. A un fantôme dont il ne se souvient pas mais auquel il accroche un sourire plein de chaleur. Et c'est tout.
Dix ans passent. Le jeune homme est assis sur une chaise, il observe l'agitation qui règne dans ses appartements. Il a le regard sec, mais pourtant ! Comme il aimerait verser des torrents de larmes. Hoqueter à ne plus être capable d'en parler. Avoir les épaules secouées et la gorge nouée. Il maudit cette acceptation qui le prend trop tôt. Il resserre la couverture qu'une main bienveillante à placé sur ses épaules. Il se souvient des félicitations de son père la veille, de son étreinte. Une récompense dont il n'a pas été capable d'ignorer le terrible revers. Il a su dès la seconde où ces mots ont touchés son cœur qu'ils étaient un adieu. Son père qui avait toujours été si grand, si fort; Ses bras n'avaient plus la moindre énergie et l'avaient laissé aller comme ils avaient laissés fuir sa vie. Il déglutit.
Il savait que c'était ainsi que tout finirait avant qu'il se passe la corde autour du cou. Il l'avait su lorsqu'il avait été assez âgé pour se rendre compte du vide qui composait le regard de cet homme. Il pense qu'il est soulagé qu'il soit parti; Il sait qu'il n'était pas heureux ici. Mais il se déteste de ne pas réussir à pleurer, de ne pas réussir à hurler. Il se trouve monstrueux. Il a peur de ne pas l'avoir assez aimé.
Deux jeunes enfants restent sur le pas de la porte, curieux et angoissés à la fois. Quand il se rend compte que quelqu'un passe ses bras autour de lui, il se laisse aller. Là il se sent bien; C'est le réconfort d'une personne qu'il aime comme un père et comme un frère.
A quoi se résume l'absence pour le jeune homme de quatorze ans ? A la mort et au silence. A tout ce qui ne reviendra jamais. L'absence n'est plus une porte que l'on peut pousser ou un mur au dessus duquel l'ont peut sauter à condition d'avoir assez de force. C'est un gouffre noir sans fond. C'est une séparation douloureuse. Définitive. Et c'est tout.
Dix nouvelles années passent. Le petit garçon, devenu jeune homme entre temps, est maintenant un homme. Le temps a filé sans qu'il le voit passer, chargé de malheurs et de bonheurs confondus. Il s'assoit à son bureau comme le faisait son père autrefois et fait courir la plume sur le papier. Il a des responsabilités, il n'a plus le temps de jouer. Le temps ne s'est pas contenté de passer, il lui a changé le cœur et l'esprit. Son regard d'obsidienne se pose sur la porte entrouverte devant lui; Et il est presque surpris de ne pas y trouver son tout jeune reflet en train d'épier les faits et gestes d'un disparu, attendant qu'il le remarque pour l'ouvrir en entier et sourire maladroitement.
Le passé pèse toujours lourd sur nos cœurs. L'enfant ne pouvait pas le savoir, l'adolescent le devinait seulement et l'homme ne le sait que trop bien. Il cesse d'écrire un instant pour regarder par la fenêtre. Et même si ce paysage n'est pas celui de son enfance, même si les routes qu'il emprunte ne sont plus les mêmes, le ciel enveloppe toujours son monde du même bleu. Ce n'est plus pareil. Mais aucun jour n'est exactement semblable à celui qui l'a précédé. En grandissant et murissant il a appris à faire la part des choses et à porter sur ce qui l'entoure un regard souvent terne et froid, certes, incapable d'exprimer autre chose qu'un calme aux allures d'indifférence, mais un regard juste. Juste à ses yeux et à la hauteur de ses attentes. C'est suffisant. Son père est toujours mort, enterré sous des soupirs et des roses éternelles; Celui-là même qu'il considérait comme un deuxième père repose quelque part où il aime à le penser en paix; Les enfants qu'il s'était fait un devoir de protéger ont grandis et sont eux aussi presque des adultes. Il continue de veilleur sur eux par habitude peut-être, mais aussi par amour.
Alors qu'il trace une nouvelle lettre sur le papier, la porte grince et il lui semble entendre un rire résonner dans le couloir. Il sourit.
L'absence est, pour l'homme qu'il est, un dos tourné et des fantômes sans visages. La mort, le silence, la douleur et la séparation. Mais également les éclats de rire qui se répercutent entre les murs et font vibrer la mémoire, les fleurs déposées sur la pierre pour se remémorer, les lettres qui vieillissent dans une boîte, la chaleur des baisers sur les joues, un arbre qui pousse dans un parc depuis des années, des photographies par centaine, beaucoup de poussière. L'absence est tout ça et bien plus encore. Des restes de joie et de larmes, qui pèsent pareillement sur le cœur. Il lui a fallut du temps pour comprendre que cette absence, même éprouvante, n'use pas l'âme comme il pensait qu'elle le faisait, mais il a finit par comprendre. Enfin.
Si absence il y a; C'est qu'il y a quelque chose de tendre à regretter. Et c'est ça, le plus beau.
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